LETTRES DE SES PARENTS

Comment dire?    

La vie reprend pour chacun,

Autour de moi on reparle du commun,

Ton départ, Laure, s'estompe doucement,

Du moins, on t'évoque moins souvent...

Mais pour moi la vie ne reprend pas comme avant,

La douleur s'impose à mon coeur de maman.

Mais tu es là, ma Laure, pleinement,

Tu m'animes de ta joie, d'amour fou,

de vive espérance,

Ta jeunesse me réjouit comme une danse!

Comment dire ce que je ressens?

Comment dire combien proche je te sens?

Mais aussi si cruellement absente physiquement.

Comment évoquer le trésor que tu nous laisses,

Ce que tu as écrit et toute sa richesse?

Comment dire que j'ai simplement perdu le plus cher,

Que le bonheur parfait n'est pas sur cette terre?

Comment dire à tous l'amour fou qui m'anime,                        Comment évoquer le trésor que tu nous laisses?

Cette présence de Dieu si intime

Que je découvre un peu plus chaque jour

Grâce à toi, Laure, mon Amour,

Blottie dans les bras de Marie?

Sois la joie de ton Dieu, ma toute belle,

Sois la joie de tous les enfants du ciel,

Réjouis-toi et rayonne d'amour.

Réchauffe mon coeur, ma petite fleur,

Parle de Dieu à tous ceux qui ont tant de douleur

Qu'ils en taisent leur coeur au lieu de l'ouvrir ...

Toi qui voudrais tant de ton Bonheur nous entendre rire...

Anne-Laurence, le 6 juin 1996

10 semaines après

Les derniers instants de Laure 

Ils furent d’une intensité émotionnelle extrême, mais cependant vécus dans la Paix et la sérénité. Ne sachant pas son degré de perception, nous avons beaucoup prié à haute voix et même chanté des chants de Lourdes que Laure aimait tant. Elle s’est éteinte sans un trait d’angoisse, ni de souffrance, quittant nos chants et nos bras pour ceux qui se tendaient vers elle dans un Amour infini.

Partie le jour de l’Annonciation, elle dont la dévotion à  la Vierge Marie était si grande, elle a dit oui à la mission qui lui était confiée et dont les signes apparaîtront peu à peu, comme la Vierge a dit "oui, je suis la servante du Seigneur".

Je voudrais te livrer quelques merveilles, messages d’Espérance et du bonheur infini  de notre Laure :

"Je me demande comment je peux être si heureuse, alors que je suis si malade."

"Tu sais, Papa, il ne faut pas te faire de souci pour moi, si je guéris, ce sera forcément une guérison miraculeuse puisque les médecins ne peuvent plus rien pour moi; si je ne guéris pas, je connaîtrai alors un bonheur que je ne peux pas imaginer. Mais c'est pour vous que je me fais du souci."

Son dernier repas fut l’Eucharistie reçue en pleine conscience, que je lui donnai le dimanche 24 à 21 heures, avant de la quitter. (...)

Elle lisait ces temps-ci un livre du Père Laurentin "Fioretti de la Vierge Marie". Nous avons retrouvé son marque-page à la page 99, Notre-Dame de la bonne mort.

Je t'écris cette lettre baigné dans les chants de Taizé. (...)

Lettre du papa de Laure, le 6 avril 1996.

Cette grande paix face à l'adversité

Le moral de Laure nous laisse pantois! Sérénité et sourire sont presque sans cesse présents.

Il ne fait aucun doute pour moi que cette grande paix qui l'habite face à l'adversité est (en plus de son courage et de sa volonté personnelle) le fruit des innombrables prières dont elle est l'objet: prières individuelles mais aussi de nombreuses communautés religieuses, mouvements et groupes paroissiaux etc. Nous nous réjouissons ainsi de chaque journée qui s'achève après s'être bien déroulée pour elle. C'est une vie au jour le jour qui n'est pas dépourvue de moments de bonheur, terni toutefois par l'incertitude qui pèse sur l'issue de cette épreuve.

[...] La chute des cheveux qui s'annonce sera un cap difficile à franchir pour tous; Laure semble l'accepter à nouveau avec une certaine maturité: "Puisque c'est incontournable, à quoi bon s'appesantir sur le sujet! On les coupera."

Son père Pierre, en août 1995

C'est vraiment Dieu

Dimanche, durant la messe, une parole m'a frappée: "Accueillez la Parole de Dieu, ce n'est pas une parole humaine. C'est vraiment Dieu qui vous parle"

Septembre 1995, Anne-Laurence 

Tout est vanité, Dieu seul subsiste

Laure vit les événements avec courage, sérénité et grande vie intérieure. Elle est totalement ouverte à la grâce de Dieu.

Cela nous aide beaucoup et notre cheminement est assez semblable au sien.

La phrase de ton premier courrier " Tout est vanité, Dieu seul subsiste" résonnait tout à fait en nous.

Le temps passant et le gros choc de départ s'estompant, il y a certaines phrases qui correspondent totalement à ce que je vis.

Je lis:

 Croire quand on souffre...tout simplement

Y. Chabert - R. Philibert, Ed. Ouvrières

 et encore:

"Ce Dieu censé aimer la souffrance"

Fr. Varone, Ed. Cerf

Tu vois, j'ai beaucoup le temps de réfléchir, de méditer.

Ce sont des vacances très particulières, un combat très douloureux mais d'une richesse exceptionnelle. Je crois qu'à travers tout cela Laure a un message à apporter, ne serait-ce que de faire prier ceux qui la connaissent, car le matérialisme est en train d'appauvrir le coeur des hommes.

Sa mère, Anne-Laurence,  en août 1995

Lourdes! Novembre 1995

Laure est à présent notre baromètre. À présent tout peut venir d'elle.  En effet, dimanche dernier elle a éclaté en sanglots de fatigue et de découragement et elle nous a dit: "Je veux aller à Lourdes".

Nous avons donc répondu à sa demande rapidement, car il ne faut pas attendre. Nous partons donc ce week-end.

Philosophie du don   

[...]

Je comprends que tu trouves certains passages des écrits de Laure difficiles à lire; mais, comme tu le dis, il faut être arrivé à un stade de rupture ou de cassure très fort pour totalement intégrer cette philosophie. Je la vis personnellement comme un don de ma vie pour ce que le Christ continue à endurer à cause de la non-reconnaissance de son message au monde terriblement esclave du matérialisme et du mauvais usage de la liberté qui est confiée à chacun de nous.

Je demande souvent à Laure d'aider les personnes qui le lui demandent à discerner les vraies valeurs de leur vie.

Anne-Laurence, 15 août 1996